J’ai vu tomber un marron.
Il est 7h79. J’ai des escarpins perchés et un ordinateur. Le rendez-vous a déjà commencé dans mes yeux. Je ne sens ni l’air, ni l’eau. Juste le gout du café et le bruit de la clim’ à venir.
En danseuse sur mes pédales, pour arriver la première, pour avoir le temps d’être prête, pour ne pas filer mes collants. En danseuse sur mes pédales, je longe les voitures du matin.
Une voie vient de partir à gauche sous un tunnel, raccourci vers des tours miroitées, des bureaux, des ascenseurs. L’autre m’emporte tout droit, vers d’autres bureaux, des expresso, leurs écrans. Je ne sais pas le ciel.
Et puis, ploc. J’ai vu tomber un marron.
Loyal à sa nature, à son arbre et à sa fleur, il est tombé à l’automne.
Il espérait certainement la Terre. Il a eu le bitume.
Entre les vélos et les bus, les trottinettes et les voitures, il est tombé tout droit.
Presqu’au ralenti.
Entre deux coups de pédale, il s’est décroché, il est descendu, il a heurté la route. Il a rebondi, la bogue a éclaté, le marron a jaillit.
J’ai découvert le ciel.
Un matin de novembre