Petit pull blanc, jean bleu ciel.
Robe à fleurs, sandales tressées.
Costume marine sur chemise blanche.
Les uns derrières les autres, sac à l’épaule ou sacoche dans le poing, vous marchez hardiment vers là où vous savez.
Mardi matin de ville.
Chemises repassées et pantalons pas trop plissés.
Rouges à lèvres bien colorés et cheveux bien démêlés.
Dos droits, talons lancés, regards perdus dans la journée à avaler.
Beaucoup de sourcils froncés, quelques sourires. Incongru, un vieux monsieur marche lentement.
Moi aussi, conforme.
Dos droit, je monte vaillamment à l’assaut de mes projets. Quand je trébuche dans tes yeux.
Cliché.
Deux billes bleues. Azur, outremer, indigo, Majorelle… Même pas sûre qu’il soit dans le dictionnaire, ton bleu !
Plus grave que le bleu dragées des blonds du Nord, plus vrai que le bleu saphir des brunes de cinéma.
Envie de dire bleu Océan Indien, bleu vacances. Mais trop cliché. Bleu théorique ?
Evidemment, ils sont grands tes yeux. Ronds. Trop ronds ?
La herse de cils noirs qui les souligne et les protège forme un cercle parfait, comme dessiné au compas. Inclignables !
Je ressors de tes yeux, légèrement troublée. Pour explorer ton visage.
Rond aussi.
Une peau parfaitement crème, divinement lisse. Comme si tu n’avais jamais souri, jamais parlé, jamais vécu.
L’ombre rosé sur tes pommettes suggère le vermillon de tes lèvres. Sagement fermées.
Dos droit, talons lancés, tu avances vers ta journée.
Tes billes de verres m’aspirent à nouveau. Glacées, bleues, sans vie.
Tu ne me vois pas, tu ne regardes rien, personne.
As-tu déjà vu ?
Tu es la poupée de porcelaine de mes 8 ans.
Quand nos trajets se croisent, je devine derrière tes lèvres closes, une rangée de dents pointues, encore rouges du sang des enfants que tu as mangés ce matin …
En allant travailler
credit photo: LaFlyingVaca