Jeudi, 13h27 – Paris court, la Seine déborde.
Les caniveaux sont torrents et les arbres sont ivres.
La pluie vient de cesser. Les parapluies sont exténués de leur marathon qui prend fin.

Jeudi, 13h27, le ciel vire azur sec.
Il remet enfin son bleu comme on remet son vieux jean.
Celui dans lequel on ne rentrait plus, celui qu’on a eu peur de devoir oublier. C’est quand même celui qui nous va le mieux !

Jeudi, 13h28.
Bleu et sec sur nos vies.
Les torrents des caniveaux virent rivières de printemps. Les trottoirs envisagent de sécher.
Le soleil brille. Enfin.
Et fort.

Jeudi, 13h28.Est-il une heure où une ville tourne plus vite ?
Courir à un rendez-vous, un déjeuner. Rentrer d’un rendez-vous, d’un entretien.
Passer le prendre, aller les déposer. Prendre une douche avant de recommencer.
Retourner. Aller. Se dépêcher. Se croiser. Vite.
Pas elle.

Elle a décidé de s’arrêter.

Un banc vert. Banc de Paris.
La chaleur de son manteau rouge l’emporte sur la fraicheur dans ses cuisses.
Son dos qui s’abandonne sur le dossier, sur le moelleux de la laine tomate.
Ses cheveux bruns bien rangés dans une queue de cheval efficace.
Elle offre son visage à la chaleur du soleil.

Elle est jeune, dynamique, dans le flow.
Probablement active, peut-être même déjà presqu’en retard. 
Pourtant, après 4 jours de pluie, quand le soleil est sorti sans rendez-vous, elle a décidé de s’arrêter.

Derrière : un fleuriste s’empresse de ressortir ses vases.
Devant : des voitures, inadaptées, impatientes.
A côté : lui qui téléphone, tête légèrement baissée, regard dans le vide.
Dans son dos : sur le banc aussi, elles, engloutissent un sandwich, sans cesser de vouloir.

Et Elle, au chaud dans son manteau rouge.

Elle laisse la peau de son visage s’étirer au soleil, savoure les picotements de chaleur sur ses joues.
Elle happe la lumière qu’elle irradiera plus tard.
Au soleil de Paris elle fleurit un sourire.

Jeudi 13h28.
Paris court, elle ne fait rien… ou si…
Envie.

2 commentaires sur “Soleil Rouge

  1. Un plaisir de retrouver tes textes … j’adore… à quand le recueil ? j’aimerai trop le papier pour y inscrire mon enthousiasme devant tes mots

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