Fulgurance entre mes oreilles.
Fils colorés des idées qui traversent de gauche à droite, de haut en vite. Qui se choquent, s’entrechoquent, se contre-choquent.
Croitre et se multiplier.

Jeu vidéo, feu d’artifice.
Je sais lire la Matrice. Elle est en couleur.

Et puis ça, et donc ça, alors ça.
Le visage de lui, dans mon monde de mardi, vient démêler le nœud du projet de jeudi. 2 planètes qui colisent, une évidence qui nait.

Dans ma boîte crânienne, Einstein se prend pour Kandinsky. Mes neurones jubilent d’arrogance. C’est une rave party, juste derrière mon front.

Mon cœur pourrait battre plus fort, shooté de l’adrénaline que mon cerveau lui deale.
Dans la rue c’est la nuit. Dans ma tête c’est la fête. Mais je suis endormie.

Mon corps croit qu’il dort et qu’il rêve que je pense. Ma tête croit qu’elle pense et que j’aimerais dormir.
Epaules dans le matelas, nuque humide dans le lin. Paupières sur les iris, nuit ardoise sur la couette.
Cocaïne dans ma tête, marie-jeanne dans mes muscles.

Ce qui n’est pas cerveau s’englue en léthargie.
Mon corps pèse des quintaux du diner de la veille. Congestion pachyderme dans l’arête de mon nez, l’air lutte pour m’atteindre.
De l’autre côté du palais, un veau marin pour langue, salive un peu putride.
Une roche dans l’estomac. En explorant un peu je découvre un cobra. Il est mes intestins. Il a mangé un chien.
Un jour finira-t-il par digérer tout ça ?

Mon cerveau a fait « chut » à la fête de mes neurones : il écoute un instant ce que maugrée le corps.
Puis sourit. Méprise. S’en fout.
Ces lois de biologie, ou bien la gravité, il les conçoit, les invente … jamais ne s’y soumet !
Dormir se serait mourir. Tellement d’choses à penser !
Je retourne dans ma tête.

Emerveillée je suis les doigts de mes neurones tisser toutes leurs idées. Un fil de concept là, une perle de data ici, l’évidence apparait.
A chaque problème sa solution, à chaque projet sa mise en œuvre. Chaque envie devient possible avant même d’être apparue.
Et ça, et ça, et ça, puis ça.
Clarté éblouissante d’un cerveau dans la nuit.
Qui finit par donner envie d’être demain. Pour pouvoir faire tout ça.

Mais c’est toujours la nuit. Mes muscles veulent le sommeil. N’en ont cure de cette fête qui refuse le repos.
Ils savent qu’il faut dormir pour vivre la journée.
Mais mon cerveau rétorque qu’il est tellement plus vif sous l’œil de la lune. C’est gâcher de dormir puisque c’est dans la nuit qu’il a toute sa puissance.

Cette lutte existentielle entre corps et idées, matière et fulgurance, finit de m’épuiser.
Alors mon corps se floute, les projets deviennent bleus.
Mon front s’ouvre par le milieu …Je m’envole vers dormir

L’insomnie est finie. Demain je serai fatiguée.
Mais au cœur de la nuit, j’ai été un génie … dans mes rêves !

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