Au secours!! Un moooonnnnstre!!!

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Courir vers l’eau.
S’enfuir vers la plage.
Courir vers l’eau.
S’enfuir vers la plage.
Courir vers l’eau.
S’enf

De justesse, échapper aux langues d’écume qui bavent. Remonter vers le sec. Et dans le même mouvement retourner narguer l’immensité. Descendre dans le miroir liquide.
M’aura, m’aura pas !
Et crier trop aigu quand la langue blanche arrive. Rire quand je lui échappe.

Avec les cousins, on peut faire ça des heures. En meute piaillante.
Première année que je peux le faire avec eux. Suis le plus jeune, le plus petit, le dernier-né … maman regarde. Peut-être.

Je suis tellement léger que mes petons s’enfoncent à peine dans le caramel du sable. Je peux marcher vaillant, sans laisser une vraie trace.
Je serais l’homme invisible …. si j’étais un homme.

Mais je suis un petit et il faut si peu d’eau pour nier mon existence. A peine j’avance d’un pas que la mer du sable se rengorge et redonne à la plage sa perfection lissée.

Plus loin des grands s’engluent. Méthodiquement.
Tout blancs d’être si sérieux, le regard perdu dans l’avenir du monde ; un peu lourds, sûrement puissants ; ils ignorent l’Océan et sa force éternelle. Quand la vague monte et lèche, ils ne bougeront pas. Quand le flux redescend, roulant les coquilles vides, tirant, poussant, suçant, force d’un Dieu qui aspire, ils ne bougeront pas.

Courir vers l’eau. S’enfuir vers la plage. Courir vers l’eau. S’enfuir vers la plage.
Des heures durant.
Me saouler à l’envie du chant de l’Océan, qui roule, qui gronde, qui souffle. Je ne vois que l’écume, le sable, l’eau qui respire. Si je regarde le ciel, je sais que je me noie.
Mais j’entends les oiseaux. Qui trillent et qui pépient.

Soudain la terre tremble.
Une fois.
Deux fois.
De plus en plus fort.
Trois fois.
Métronomiquement.
Mais de plus en plus peur.

La vibration remonte du sable jusque mon crâne. Et mes cousins se figent.
La chaleur du soleil ne me chauffe plus pareil. Une ombre l’envahit. Je sais qu’elle sera immense.
Lever les yeux ?
Inutile.
Fuir.

Je sens mon petit cœur dans ma petite poitrine, mais mon corps me sauvera. A la même seconde que mes cousins plus grands, j’avance d’abord d’un pas, puis d’un autre, puis plus vite. Nous prenons notre élan, et bien avant que l’Homme ne puisse nous atteindre, nous volons loin sur l’onde.

Dans un ballet rase-motte, nous surfons sur les vagues, plus agiles que l’écume.
Un autre jeu commence.

Les goélands aussi ont déserté la plage. Quelques secondes plus tard.
Pour montrer leur courage.

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