La lumière change, le rythme ralenti.
Seconde indescriptible où la conscience devient et doute encore d’être.
Transition étrange de retour vers la vie. Orphelin de lieu, de temps et d’histoire.
Puis un œil capte un signe : 7h24.
JE émerge.
Reconnecter.
Qui ? moi. Où ? un très grand lit, le mien, dans ma chambre.
Alors le plus important : quand ?
?
Yes ! On est dimanche.
Léger sourire. Extase et volupté. Je me retourne.
Mes yeux s’ouvrent : 8h42. Toujours dimanche. Tout va bien.
Un peu reconnectée au flux du temps, la question : « c’est quoi le programme aujourd’hui ? » Légère contraction de la peau du visage pour remettre l’unité centrale en route.
Ah oui ! Déjeuner aux Prairies avec les potes.
Train à … (neurones au diesel) : 11h10 quelque chose.
Donc partir d’ici à 10h45. Tranquille.
Arrivée là-bas vers midi et demi.
La terrasse, la baraque en briques rouges allongée au bord du jardin, les potes qui se marrent un verre de blanc à la main, les arbres, le ciel en grand, les discussions de barbecue. Ma vie préférée.
Google a promis grand beau là-bas. Je sens déjà la chaleur du soleil sur mes bras après ces mois d’hiver.
Huummm, j’adore quand ça picote un peu. Sourire gourmand à l’idée des petites décharges de trop chaud qui réveillent les chakras. Pas oublier de réparer la bretelle, sinon c’est col roulé.
Projection privée sur l’envers des paupières : le dernier barbecue, le visage de Seb hilare en 16/9ème, mes pieds nus dans l’herbe … la musique … flou …Superposition de Finette floue qui me demande floue …
Œil. 9h17. Légère sueur dans la nuque, peau du visage un peu grasse. Langue sagement engluée au palais.
Le soleil promis se laisse deviner à travers les rideaux. Lumière gris-rouge.
Pas un bruit. Pas d’odeur autre que ma nuit, un peu fermentée.
Un peu trop chaud, juste comme il faut.
Mon corps se retourne. Extension des triceps quand je passe mes bras sous l’oreiller. Je redécouvre mes épaules. Jambes légèrement écartées, couette descendue au milieu du dos. Aérer la nuque mais garder cette chaleur, ma chaleur de nuit.
Rien.
S’offrir ce temps. Ce temps volé, ce temps d’être, d’être bien.
Seule dans le silence de ce grand lit.
Au chaud après cette semaine de pluie.
Alanguie après cette semaine de tourbillons.
Seule après cette semaine de trop d’autres.
Image grise de cette réunion qui n’aboutissait pas. Laurent debout devant l’écran quand Joan fait des schémas sur le paperboard. « Tant qu’on n’aura pas … »
9h36. Ooops. Je viens encore de disparaitre.
Va pas falloir tarder, surtout si je veux réparer ma robe pour éviter le jean col roulé au soleil. Surtout que j’ai promis le dessert. Finette m’a bien dit « tarte aux fruits, et fais gaffe … »
Putain ! Le changement d’heure. Train dans 30 mn.
Je jaillis du lit. Panique.
La bretelle. Fait chier.
Un dimanche de mars
Projection privée sur l’envers des paupières … j adore !
Merci … j’avais Nougaro dans la tête quand ces mots sont sortis 😉