
Au premier tip des deux baguettes qui tapent, tu sens le temps mourir. Faille spatio-temporelle, t’arrêtes de respirer.
Tu ne sais pas encore où tu vas, et tu souris déjà.
Putain, ça va être bon !
Les moutons du Connemara qui défilent sous tes fenêtres se moquent gentiment. On leur a tellement faite …ils ont reconnu U2 avant toi !
Les doigts de ton chéri se mettent à battre la mesure sur le volant. Ses lèvres aussi se pincent. Tu le vois décoller.
Il regarde la route, mais vous vivez ensemble. Pas besoin de se regarder.
Complicité d’amour très loin de vos enfants.
Surtout qu’ils ne viennent pas, qu’ils ne nous parlent pas, qu’ils ne nous demandent rien. Ce moment est à nous.
Is it getting better? Do you feel the same?
Le riff de basse t’irradie les tripes.
Affranchies, tes lèvres dessinent les mots qu’elles savent depuis tes 17 ans.
Tu balances doucement depuis la base de tes reins. Ton dos caresse le gris du siège trop moelleux. Et puis ton pied s’anime.
Ne pas fermer les yeux, le ciel Irlandais a été peint pour ce moment.
U2. Ici. Evidement.
Mais tout à coup là-bas aussi. Là-bas en même temps. Là-bas s’engouffre ici.
En enflammant l’adulte, la musique a réveillé l’ado. Elles sont deux dedans toi.
Ton corps dans cette voiture, en vacances, en famille. Ton corps qui sent le sable, sous ses pieds, sous les pins. Les lampions de colo. Goût de sel sur les lèvres.
Tu fredonnes ce chef d’œuvre avec le père de tes enfants. Et tu sens sur ta nuque le regard du grand brun. Papillons dans le ventre.
Tu es ici, tu es là-bas.
You’re one, but you’re not the same.