Il ne bouge pas.
Il regarde la mer.
Les pieds dans ses tongs, au bout de son petit jardin, il s’offre un tête-à-tête avec l’immense.
Pull marin sur vieux jean, parce qu’il fait frais le matin. Sac de toile à la main, parce qu’il prendra aussi un kouign-amann pour ce midi.
Il ne bouge pas. Il regarde la mer.
Et j’entends toute son âme remercier l’océan. Je devine son sourire d’incrédule apaisement. Je vois ses poumons qui se gonfler un peu plus.
Au bout de ses orteils, le vert humide de sa pelouse domestiquée laisse la place à l’anis salé des herbes de la dune. Quelques mètres plus loin, la mousse des vagues lèche doucement l’ambre du sable, encore mouillé de la nuit.
Grandes marées. La plage fait à peine trois pas … et 2 km de long, en forme de sourire.
Très doucement, il tourne la tête à gauche, vers les petites maisons blanches aux toits bleu si marine.
Elles semblent perdues dans la forêt de Brocéliande qui ferme un peu la baie. Le sable est vierge, l’océan est immense, à peine piqueté du blanc de quelques mouettes.
Le chant inlassable des vagues qui chaînent doucement, inlassablement, éternellement.
Je sais qu’il songe que cette berceuse hypnotique ourle la baie depuis avant lui, depuis avant son père. Depuis avant les Hommes.
Que le gris ardoise de l’horizon se dégrade en mille bleus et puis en verts liquides depuis toujours … entre deux tempêtes !
Très très doucement pour ne réveiller personne, il balaie la baie du regard, jusque l’autre côté du sourire.
D’abord les coques de bois, hérissées de leur forêt de cure-dents. Peut-être écoute-t-il en replay le concert des drisses qui sonnent sur les mâts.
Puis le reste de la plage.
Quand un groupe de lève-tôt déchire les lèvres d’eau pour la première fois, il renvoie son regard très loin, droit devant lui, pour une dernière bouffée d’éternité bleue.
Elle s’approche pieds nus dans l’herbe.
Elle glisse sa main dans la sienne. Il ne tourne pas le visage. Seul son avant-bras se contracte un peu quand il lui presse les doigts pour lui dire bonjour.
Ensemble, papa et maman regardent la mer
Trop de ouf beau, poétique et émouvant. Merci pour cette pause.
C’est amusant, j’ai justement un ami qui est en train de peindre un tableau de plage et d’océan. Il me l’a montré hier ! Synchronicité.