Il était cette fois l’histoire d’un jovial quinqua bordelais, l’histoire d’un enseignant qui aiment les enfants, l’histoire d’un pote qui a trouvé une très bonne raison de se faire, chaque année, une virée buissonnière entre potes.


Ça a commencé par hasard, encore par une histoire de copains. L’un fait du business depuis des années en Afrique. Il répète en boucle a son bon copain prof « viens une fois avec moi, viens découvrir l’Afrique, ça va te whaou ! ». Ils finissent par le faire. Direction Bénin pour « commencer par un pays stable » : explorations, rigolades, virées dans la brousse « et même des musées … la totale ! ».

Le prof avait aussi demandé à pouvoir faire un truc un peu … il cherche ses mots, « humanitaire, social, … utile quoi ! ». Visite dans une école est organisée, il vient avec des stylos et des cahiers. Il y a 10 fois plus d’élèves dans l’école qu’il n’a de stylos. Perplexité.

S’ensuit un apéro interminable avec les profs de l’école, de prof à prof. Chacun raconte sa vie, sa mission, ses espoirs et ses galères. Sûrement un peu plus de galères chez les profs Béninois, peut-être aussi l’échauffement du soleil, des éclats de rire et de la bière locale; en tous cas, le bordelais s’engage « aujourd’hui, j’avais que quelques stylos. Mais je vous connais maintenant, je reviendrai ».
10 ans plus tard, dans un maquis, attablé avec 2 autres quinquas bordelais, il nous raconte. Il nous dit les orphelinats qu’ils équipent en électricité et frigos, les classes qu’ils réhabilitent, les écoliers qu’ils équipent. Plusieurs milliers.

Ils le disent tous ensemble et chacun à sa manière, fiers et humbles, « on fait ça dans un tout petit périmètre, on sait bien qu’on change pas le monde ». N’empêche qu’ils connaissent les prénoms des derniers enfants accueillis, qu’ils s’indignent des conditions des femmes abusées. Et puis ils se passionnent pour les panneaux solaires « parce qu’on n’y a bien pensé pour l’orphelinat, mais on n’a pas réussi ! ».
Il y a 10 ans, le prof, il a fait Ganvié-Bordeaux dans les vapeurs d’éclats de rire et la lumière des avocatiers. Alors il n’a pas lâché son envie. Il a commencé à récolter quelques fonds pour acheter des fournitures. Puis il a rassemblé ses potes de 30 ans, « la famille » comme il les appelle. Il leur a fait envie d’un endroit auquel ils n’avaient jamais pensé. Ils l’ont suivi. Ils se sont constitués en association.
Aujourd’hui, le bureau, c’est 4 quinquas qui ont l’air de croquer la vie. Pas franchement aux normes de parité des board du CAC 40 ? c’est assumé !

« C’est gratifiant, évidement ! Mais c’est surtout une bonne manière de souder notre amitié. Toute l’année on cherche des financements, on lève des fonds, on travaille à distance pour aider à trouver des solutions. Et puis surtout, on se fait un voyage par an avec les copains. On revoit les réalisations de l’année, on prépare l’année à venir. En fait, on est juste content de se retrouver ensemble, et de rigoler ! »
Fonder une ONG pour avoir une bonne excuse pour boire des bières avec les potes ?! on en pense quoi ?

Sauf que quand il raconte la visite de l’orphelinat de la veille, quand il dit les enfants … il a les larmes aux yeux, le quinqua rigolard !

Et quand il dit l’électricité coupée, il a la rage de l’entrepreneur.
Alors quand il m’expliquait fièrement et humblement l’activité d’une ONG en Afrique, je me disais que j’aimais bien leur manière d’être potes !

Je me disais qu’encore une fois, la vie ne nous demande pas de choisir. C’est pas forcément bonne action ou bon moment, générosité ou sécurité, fromage ou dessert. En tout cas, le prof bordelais, il a décidé d’être amis un peu autrement … et ça m’a donné envie !

Un maqui au Bénin

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