Je relève la nuque, mes yeux passent la vitre. Sans y penser.
Rencontrent le ciel. S’ennuient.

Blanc.
Chiant.

Personne, en ce matin, n’est venu peindre mon ciel.

Tellement, tellement blanc. Tellement, tellement chiant.

Mes yeux cherchent une trace, une ombre, une profondeur.

Rien.

Même pas un reflet doux, qui dit le bleu derrière. Pas là l’éblouissement quand le soleil s’amuse. Absent le blanc métal qui charge avant l’orage.
Un blanc chiant. Même pas capable de faire cligner les yeux. Presque du rien.

Il est bien cette cheminée qui tente des volutes grises. Sa bouche de briques rouges trace une dentelle légère sur cette étendue vide.
Et l’étendue l’avale. Et rien n’en restera.

Même les zincs des toits humides semblent s’ennuyer ferme. Ils n’ont rien à regarder, aucune escadrille volatile, pas d’avion en voyage. Aucune course folle de nuages de passage.

Trois pigeons se câlinent. Ou bien juste, se tiennent chaud.
Sur le balcon devant, les feuilles crispent de froid. Les bambous ont séché.

Et toujours cette page blanche. Comme un mauvais matin d’un écrivain qui souffre.

Puisqu’il est déjà tard, enfin le vent se lève. Tente de ranimer la vie de ce rien abyssal.
La plume du pigeon se soulève, le bambou se cambre, la fumée accélère.
Mais le ciel dit qu’il s’en fout. Blanc. Inerte. Vide.

Alors mes yeux s’ennuient. Ils retournent à leur livre.
Ses pages ont été blanches, mais elles s’en sont sorti !

Un jour d’hiver incertain

Crédit photo : LaFlyingVaca

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