
Les hélicoptères des Pink Floyd survolent doucement sa guitare.
Tu fonds dans la profondeur de sa voix dans les profondeurs de l’appartement dans les profondeurs de cette ville.
Au bord de ton sommeil, la musique te ramène à la chambre. En même temps elle t’emporte vers tes deux fois plus jeune.
Souffle sucré par la fenêtre ouverte. Rideaux bleutés sur ta sieste éveillée.
Crème des murs dressée sur la tourterelle du lit.
Fauteuil Ikéa. AirBnB.
Réveil au creux du Nous. Suite du week-end sans Eux.
Tu quittes l’errance sub-aquatique des basses hypnotiques, pour l’envol des cymbales qui résonnent dans ta poitrine.
Ton sang recommence à pulser.
Déjà sûr de ta joie des heures qui vont suivre, tu restes dans ta bulle.
Tu ouvres un peu plus les épaules qui avaient glissé ces mains sous ton oreiller. Tu étires le bas de tes reins. Ecartes légèrement les pieds pour décoller tes muscles.
Et prudemment, tu n’ouvres pas les yeux.
Tu fermes un peu le poing, pour y garder le temps.
Ecouter The Wall pour revenir à cette vie. Pour passer de l’eau à l’air, de la lumière au bruit. De la fraîcheur de vos bains de mers aux noirceurs de vos boîtes de nuit.
Hier a été belle, et ce soir sera longue. Il vous fallait une sieste.
Tu souris en imaginant lui, qui a choisi ce morceau pour vous sortir de vos torpeurs. Cela fait 25 ans qu’il veille quand vous dormez. Pourvu que dans 25 ans il veille sur vos insomnies de vieux.
Seule en travers d’un lit double, tu sais qu’elle bouquine. Toujours. Que dans une autre chambre il dort sur la tranche.
Elle se « refait un café ».
Seul en travers de ton lit, tu ne les vois pas, tu les sais.
Un jour, tu te lèveras. Douche, jean, blagues. Resto, bar, blagues. Boîte, blague, blague.
Un jour. Pas maintenant.
De toutes façons, le temps n’a pas été convié à votre week-end. Ici il n’y a que vous.
Ça ressemble à une famille. Ce sont des potes.
Ensemble.
Chacun dans sa sieste.