Je le sens qui pousse. Je le sens qui puise. Je le sens qui veut.
Aux lueurs du matin, ma vie vient de changer.
C’est tellement pas moi qui décide de tout ça. Impression d’être habité, programmé, pantinisé.

Pourquoi là ? parce que c’est toujours là que ça commence.
Pourquoi maintenant ? parce que je suis prêt. Il est temps. Excitation de mes cellules à l’idée de cette nouvelle vie qui s’ouvre.

Premier bourgeon de mon printemps. Premier bien gros, bien dur, bien plein.

Immobile, j’explore les recoins de ma surface. Ce n’est pas le premier. Je retrouve les éclaireurs, plus petits et plus durs. Je les savais, les ignorais.
Celui là est gorgé, déjà ivre de vie. Sa gangue translucide n’attend que d’exploser. Je sens qu’il luit un peu, déjà sucré et gras. On le verra longtemps.

Vision des autres autour qui partagent ce chemin. Certains s’éveillent à peine, quelques points noirs affleurent, sur tellement peu de chair.
D’autres sont déjà fleurs. Ce jour je les rejoins. Ils disent le rose, le frais, l’exubérance qui vient.

Pour mon bourgeon à moi, pas besoin de l’image. Je suis sûre qu’il est crème. Un peu rougit autour.
Il grandira encore. Et puis ses frères viendront, dès demain, par centaines.

Retour à aujourd’hui.
Dans le matin qui vient, mon corps me dit ma force. Sève bouillonnante et tiède dans chacune de mes veines. Prolifération cellulaire à chaque étage de moi.
Euphorie. Soulagement. Ça y est, c’est mon printemps !
Une surprise party dans mon corps immobile.

Pourtant faudra bouger.
Premier cours à 9h.
Premier bouton d’acné.

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