Sans même y penser.
Deux pieds parallèles, abdo serrés, tout dans les cuisses.
D’abord un plongeon confiant et vif. Fesses en chute libre du haut des jambes. Puis, quand les genoux détectent l’angle, les quadri en rappel ralentissent la descente. Muscles du dos qui aident un peu. Mais pas les mains. Encore si jeune. Au moins pour ça.
Arrivée contrôlée d’arrière-train sur tarmac.

Comme une plume dans une pub, du miel dans un yaourt, mon moelleux postérieur rencontre le canapé.
Un instant suspendu au moment du contact car commence la deuxième partie de la chute. Plus dans l’air libre, dans le douillet.

Je le connais ce canapé, je sais sa poigne et sa douceur. Les coussins accueillent le joufflu de mon arrière-train dans leurs gants de velours, puis accompagnent ma descente dans la guimauve de leur rembourrage. Ça va durer des heures, je m’enfonce en poudreuse. Zut, à peine 1 seconde.

Fessier atterri dans canapé framboise. Plante des pieds sur semelle sur tapis. Dos droit.
Sans y penser et sans les mains.
Près de moi, mon bouquin.

Sourire au souvenir de mamie. De ses amis. De leur chute au ralenti, la main sur l’accoudoir, la peur de ne pas pouvoir.

Et moi, jeune et glorieux. Sans les mains, sans y penser.
Alors maintenant … s’affaler.

Les fibres sous le nombril ont déjà rétréci. Mon ventre se souvient des abdos de gamins. Savoir baisser le dos sans que les pieds de bougent.
Mes épaules se lancent. Cherchent la verticale de ces coussins moelleux.

Parce que je le connais, et il me reconnait. Je n’ai pas mis mes fesses au fond du canapé.
Ce serait bien plus noble, mais bien moins confortable. Mon fessier a visé l’exacte distanciation entre bout du coccyx et angle du sofa. L’affalement sera bon.

C’est sous les omoplates que le contact se fait. Jusque dans les épaules. Mes abdos deviennent nouille.
Spontanément mes pieds décollent de leurs semelles pour emmener mes chaussures dessus la table basse.
Mais se reposent bien sages.
« Pas avec les chaussures »
Je ferai ça plus tard. C’est déjà vraiment bien.

Quelques notes badinent dans le silence de l’air pour compléter ma bulle. Température parfaite.
Pas d’autres corps autour.
Ma main attrape mon livre.

« Bonjour ! C’est à nous ! »
Déferlante angoissée.
Il n’y a vraiment que le canapé que j’aime chez mon dentiste !

1 commentaire sur “Rendez-vous canapé

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