Sourire quand remonte dans mes veines les traces de cette nuit. Bain d’énergie hors du temps. Lumières stroboscopiques et musiques d’un autre siècle. Une nuit à se déhancher les bras en l’air, entre 17 fous rires et 3 passes de rock titubées.
Retour à la réalité.
Culotte-T-shirt devant mon armoire. Et donc 4 mois que je vis sans ce jean. Mon jean. LE jean. Celui qui, parce que vrai ami, ne me ment jamais. Celui qui dit que la vie est belle, que je suis plus grande, que le temps ne peut rien contre moi.
Tellement contente de te retrouver…
Soulever délicatement les 2 frères qui le dissimulaient depuis trop longtemps, pour ressortir le vieil ami de sa cachette.
Et là, d’un geste ample, ancestral, universel, lui redonner toute sa taille. Faire claquer le denim.
Allié de toutes les aventures, le jean tonne comme les voiles des traversées de ma jeunesse.
Futile anxiété. Subtile contraction des abdos. Besoin de savoir. Go !
Flamand rose. Pointe de ballerine.
17 centièmes de seconde plus tard, des orteils ressortent après un bruit d’ouragan. Talon coincé dans le bourrelet du bas de jambe. Facile !
Mais c’était pas le plus dur.
Re-flamand rose, mais un peu plus penchée vers l’avant. Re-pointe. Deuxième jambe enfilée jusqu’au milieu de la plante du pied. Les mains ont tiré jusqu’au milieu des cuisses. Pause pour les fesses.
Les creux des pieds se sont délicatement posés sur les fibres blanches qui ornent les bas de jambe. Mémoire de nos intimités, cette flore infalsifiable atteste de nos années de vie commune. Noce de soie avec son coton. Une liane pour chaque aventure exotique, une fleur par dizaine de kilomètre de bitume, une plume pour chaque heure partagée en terrasse.
Retour à ce matin. Instant de vérité.
Lever les talons. Bien en appui sur la pulpe des pieds, les poignes accrochées de chaque côté de l’espoir.
Je tire.
Et ca passe ! comme si… comme dans… comme… pfff. Trop facile !
Dans l’élan, mes pouces longent l’intérieur rugueux de la ceinture, à la rencontre du bouton et de sa boutonnière. Pas besoin de les regarder, pas même la peine d’y penser, mes doigts les connaissent tellement et eux s’attendent depuis tant de mois.
Jean fermé.
Léger bâillement au bas de la colonne, confortable flottement aux cuisses. Il va même falloir une ceinture !
Premier câlin avec mon doudou retrouvé, je plonge mes mains dans mes poches. Je trouve ses clés.
crédit photo : LaFlyingVaca