Si Pagnol avait chanté …

Catégories Chroniques sensationnelles

Chacune des stridulations est pénible.
Une porte qui grince mal. La fraise d’un vieux dentiste.
Ça lime chaque tympan.

Leur répétition devrait être intolérable. A peine une soulagée, que la suivante commence.
Méthodique.
Perpétuelle.
Implacable.
Des lueurs de l’aube aux orangées du soir, sans reprendre son souffle.

Et puis elles sont un gang. En crime organisé. Quand elles strident de concert, on en appelerait presque à la convention de Genève!

Et pourtant …
Tu aimes le chant des cigales.
Il aime le chant des cigales.
Elle aimait le chant des cigales.
Nous aimerons le chant des cigales.
De Marseille à Tosashimizu, de Hluhluwé en Avignon, elles te disent le soleil, les vacances.L’apéro.

« Tu entends les cigales ? »

Ce grincement lancinant, qui chaque fois te ramène à ton corps.
Sur ta peau l’air est chaud. Frissonne la racine de chacun des petits poils de chacun de tes avant-bras.
Tes pieds demandent des tongs. 
Si tu as cet âge-là, si t’es ce pays-là, tu entends la lavande, et son accent chantant dans les pubs de lessive. Quelques mots de Marius, ou les pleurs d’Ugolin … 

La vrille sur le tympan te tire la peau des yeux. Tu réalises les arbres, et l’ombre de ta sieste, ou au loin une garrigue qui mordra tes mollets.

Tes narines s’évasent, tu humes la Nature sèche.
Ça sent le thym, le … truc … et le machin-de-quand-j’étais-petit.

Et tout ça en même temps.
Tout ce que tu connais, tout ce que tu devines, tout ce qui est là-bas. 

Quand les cigales vrillent, toi, enfin, tu t’arrêtes.
Comme envie d’une pétanque.

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