The world is shifting, and you’re foolish!

Catégories Chroniques sensationnelles

La musique susurre. Le violon, les pipes et le fiddle s’endiablent. La voix d’un grand-père marin rocaille la misère et l’amour du pays.  

Sur les murs, les photos des barcasses de marins et des héros de hurling, les maillots signés et les drapeaux des comtés.
Et cette odeur immémoriale, du black pudding du petit-déjeuner au bacon-patates du diner.

Dehors, le vent pyromane attise le feu des cheveux des enfants. Et le gris-bleu de la mer sur le blanc des façades, le chemin de la plage, serti des murs en pierres. Et le bleu du ciel, et le vert des champs, et le rose d’un pub, et le jaune du magasin, et le gris du ciel, et le bleu d’une maison, et le blanc du ciel, et le bleu d’un pub.

C’est aujourd’hui, c’était il y a 30 ans, c’était il y a 1 siècle. C’est un pub irlandais. En cliché.

C’était il y a un siècle, c’était il y a 30 ans, c’est aujourd’hui. Il est 15h dans ce pub insulaire. Ils boivent depuis tant d’heures.  

Un homme, la trentaine, accent roux, pinte noire. Paupières lourdes, face cramoisie. Une femme, deux trentaines, visage brulé de soleil salé, yeux bleus d’océan, cheveux gris comme le ciel. Accent … de l’ennemi.

Un irlandais. Une anglaise. Ils se découvrent. Dans ce pub, sur ce caillou. Il est rentré au pays la semaine dernière, après 3 ans à Shanghai. Elle est en vacances sur l’île, comme chaque été, prof d’économie à Londres les autres mois.

Dans la douceur de la musique irlandaise, dans la chaleur d’être à l’abri du vent du large, dans les odeurs de Guinness et de thé noir … ils s’engueulent sur le Brexit.

Inisheer, été 2018.

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