Tip Tap Tip Tap?
Clap Clap Clap?
Est-ce que les tongues tintent pareil de chaque côté ?

Ce matin, quand le soleil s’est obstiné, que le déguisement pouvait s’oublier, mes mains ont saisi ailleurs dans le placard à chaussures.
De trop longs mois en cuir, mes pieds avaient oublié.
Trois saisons sur échasses, enfin se re-poser…

Aussi intimes qu’on ait été, il est bon de se refaire la cour. Le charisme de mes tongues intimide un peu mes pieds.
Elles ont vu tant de choses !

Courageusement, la voûte des os sésamoïdes se dépose à la racine des 2 arches de la tongue. Dans la seconde, la pulpe des phalanges distales embrasse la semelle.
Je prends appui sur les phalanges, je lève les sésamoïdes.
Rétractation des doigts de pieds pour que les sésamoïdes rejoignent les distales, qui s’enfoncent dans le moelleux.
Reposée des sésamoïdes, extension des phalanges.

Et encore.
Troisième fois.
Et encore.
Jusqu’à ce que la peau entre les orteils embrasse le mât des vaisseaux de mes vacances.
Des doigts de pieds qui rampent comme un ver de terre de dessin animé. Il aurait une petite casquette verte à hélice et avancerait courageusement par regroupement/ extension de son corps d’anneaux.

C’est ainsi que mes doigts de pieds ont reconquis mes tongues. A force de baisers et d’escalade, ils ont retrouvé leur lit au baldaquin de plastique.

Tout de suite le talon, s’est lové dans la concavité de la poupe, baignoire excavée par les centaines de kilomètres voyagés ensemble. Pas strictement dans l’axe, pas strictement creusée. La semelle de ma tongue dit les décalages de mes genoux, l’âge de mes chevilles, tous les déséquilibres de mon corps.
Et j’m’en fous !

Libérés de la rigueur du cuir, de l’austérité du nylon, de la touffeur de la laine, mes pieds partent en vacances. Et ils embarquent mon corps !

Tip Tap Tip Tap ?
Clap Clap Clap ?

Do ? Mi ? Fa ?
Tiptaptip au Japon ? Clap  Clap   Clap au Cameroun ?
Fchhh Fcchhhh Fcchh au Brésil ?Antropomorphisme. Racisme tonguesque.

Les miennes ? je ne sais pas les notes … pourtant mes tympans les reconnaissent sans baisser les yeux. Comme une mère le pépiement de ses bébés mésanges.

Depuis combien d’années chantent-elles mes errances ?
Souvenirs en salade. Probablement même avant …
Une échoppe un peu floue sur les pavés d’un trottoir gris. Du chaud, des couleurs, une rue moite et bruyante. Une langue qui n’est pas la mienne. Et mon coup de foudre pour sable doré de ces tongues moulées pour moi.

Où ? Il y a longtemps…

Je dépasse des talons hauts, croise des paires de baskets. Heureusement des ballerines, quand même des mocassins.
Et tellement de nu-pieds. Quelle laideur que ce mot !
Deux paires d’espadrilles. Quasiment la famille. On se clin d’œil intérieurement.

Le mollet tire un peu. Elle est basse cette Terre !
Je souris à l’ampoule, celle entre les orteils, qui me dira demain que ça faisait trop longtemps.
Et la trace de bronzage, dans pas assez de jours. Un V de la victoire, souvenir dans ma chair de nos semaines ensemble …

Mais ne pas y penser.
La fin ne sera qu’une nouvelle pause.
Et puis c’est le début.

Première sortie en tongues.
Que l’été nous soit long …

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