2 pattes en spaghettis, un joli corps tout gris. Et ce long bec si long. Ibis.
La queue en gouvernail, ton vol qui n’est que jeu. Hirondelle.
Paré d’une traîne princière, longue comme trois fois ton corps. Des loopings d’enfant fou. Je ne sais pas ton nom.
Et toi, le petit jaune. Ton cousin au poitrail rouge. Et toujours les cigognes.
Bien plus d’oiseaux que d’Hommes en ce matin du monde.
En haut, en bas. Sur terre, dans le ciel, sur le sable. Dans mes yeux.
Qui mangent, qui volent, qui rêvent. Qui chantent, qui jouent, qui joie.
Et je ne les entends pas.
L’Océan a pris le son.
L’image est vive, mais est muette.
De la plage, des bananiers, des fleurs et des oiseaux.
Muets.
Des tours de la ville au loin à droite. Un homme sur son balcon, plus près à gauche.
L’arbre du voyageur qui se balance à peine. Les feuilles de bananier lourdes de volupté.
Bâillonnés.
Les couleurs de l’image gorgent mes yeux de rire.
Commencement de la vie au sortir de la nuit. Jaillissement de ce jour, encore au ralenti.
Des mouvements tellement doux qu’on dirait que le film se déguise en photo.
Mais pas de son.
Le bord paradisiaque des plages paradisiaques de l’Océan Indien est en cinéma muet.
Et la bande son est une fureur.
Seul l’Océan me parle.
2 lignes mélodiques pour jouer les walkyries.
Galopant à l’avant, le thème qui hypnotise.
Montée – Montée – Tonnerre – Vacarme – Presqu’apaisement
Montée – Montée – Tonnerre – Vacarme – Presqu’apaisement
Montée – Montée – Tonnerre – Vacarme – Presqu’apaisement
Inlassablement.
Depuis toujours. Pour toujours.
A chaque rouleau bleu, l’image est différente. Mais le vacarme demeure.
Plus haut, moins mousseux. Cassé plus loin, mélangé sur le sable.
Un tumulte, une bagarre. Rappel, s’il est besoin, que la Nature décide.
Que les vagues étaient là. Que les vagues seront là.
Derrière, en mélodie, ce chant qui engloutit. Qui nous engloutit tous. Les hommes, les oiseaux, les sons et les images. Un vrombissement, une rage de fond.
Un son linéaire et profond. Qui monte parfois avec le vent, puis redescend doucement. Et ne s’éteint jamais.
Jamais. Un 747 qui décolle sans bouger.
L’été, le jour, au froid, l’hiver, la nuit. Chaque jour dans cette ville, l’Océan couvre les chants, les palmes et les oiseaux.
L’Océan est Indien. Son totem est tonnerre.
Tourner le dos. Fermer la porte à clé. Et partir au boulot.
Sourire que demain soit.